Pratique du Haïku, rencontre avec Pierre Turlur au Dojo Zen de Lille

La pratique du Haïku

Conférence du mercredi 4 janvier 2017  au Dojo de Lille de Pierre Taigu Turlur

   Pierre Taigu Turlur est un moine zen qui vit depuis 10 ans au Japon, où il enseigne le Français, la littérature et la linguistique. Il a pratiqué le zen au Dojo de Lille jusqu’en 1990 puis en Angleterre.
 Il est l’auteur d’ un ouvrage sur les haïkus « Montagnes flottantes » publié aux éditions l'Harmattan en 2015, qui réunit les haïkus qu'il avait pu écrire de-ci de-là. Il précise les circonstances de leur jaillissement : des instantanés du quotidien,  souvent dans la rue ou le métro d’Osaka.
  Il ne pratique pas le « haïku de bureau », qui correspond selon lui au fait de s'asseoir dans l'intention d'écrire un ou des haïkus. Non, le haïku est sans intention. Il ne se prévoit pas, ne se planifie pas, ne se pense pas. Le haïku surgit lorsque l’événement surgit : c’est juste une disponibilité., voir ce qui est là. D'une certaine façon, il s'impose à celui qui deviendra son auteur. L'instant ineffable s'exprime dans une densité totale par le haïku.
  C'est ainsi que Pierre Turlur ne se limite pas aux formes très codées du haïku traditionnel. Il exprime l’événement comme il vient, tel qu'il est, dans son incongruité : que ce soit un personnage, une couleur, une odeur… comme celle de l'urine d'un chien qu'il croisa sur son chemin. Il dira qu'il accueille ce qu'il n'attend pas, ce qui l'émerveille, qu'il se laisse surprendre.,,
  Qu'est-ce qui arrête, voire fige l'être, le faisant poète le temps d'un haïku ? Pourquoi tous les événements ne deviennent pas des haïkus ? Ce n’est pas l'individu qui choisit de faire d'un événement un haïku,  c'est un instant particulier, une rencontre unique qui fait que le haïku jaillit naturellement, symbiose, où l’événement et le poète ne font qu’un, un instant magique de plénitude.
  Pierre Turlur souligne qu'il ne cherche pas à ‘posséder’ un instant X par le haïku, et qu'on ne possède jamais complètement qu'en renonçant. Renoncer au temps à venir, profiter du temps qui est là avant qu'il ne s'évanouisse, savoir s'arrêter, s'oublier. Il dit qu'il s'absorbe dans le moment, sans vouloir le saisir…  simple état de réceptivité à la portée de chacun, surtout pour des pratiquants du zen . Il nous incite donc tous à la créativité spontanée et nous dit que la volonté de donner un sens au haïku perd le haïku. Le sens est toujours pluriel, ouvert, nous échappe souvent, une sorte de koan. C’est le propre des kan-ji des haïkus japonais. Mais nous pouvons faire de même en français !
   Cette ‘conférence’ fut un moment d’échange authentique que Pierre Turlur a animée tel un haïku vivant, avec simplicité. Il nous laisse l'idée que le haïku est léger et fragile comme un flocon de neige. Le haïku, image d'un instant éphémère, où l'éternité lumineuse vient à notre perception.
Bref,  ce fut un  bel enseignement issu de la pratique du zen .
  
Un Haiku retenu à l’issue de cette conférence pour présenter les vœux du Dojo :
 
                   mon mantra , la respiration
                  ma déité, l’ordinaire
                 ma pratique, l’émerveillement

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