La pratique du
Haïku
Conférence du
mercredi 4 janvier 2017 au Dojo de Lille
de Pierre Taigu Turlur
Il est l’auteur d’ un ouvrage sur les
haïkus « Montagnes flottantes » publié aux éditions l'Harmattan en
2015, qui réunit les haïkus qu'il avait pu écrire de-ci de-là. Il précise les
circonstances de leur jaillissement : des instantanés
du quotidien, souvent dans la rue ou le
métro d’Osaka.
Il ne pratique pas le
« haïku de bureau », qui correspond selon lui au fait de
s'asseoir dans l'intention d'écrire un ou des haïkus. Non, le haïku est sans
intention. Il ne se prévoit pas, ne se planifie pas, ne se pense pas. Le haïku
surgit lorsque l’événement surgit : c’est juste une disponibilité., voir
ce qui est là. D'une certaine façon, il s'impose à celui qui deviendra son
auteur. L'instant ineffable s'exprime dans une densité totale par le haïku.
C'est ainsi que Pierre Turlur ne se
limite pas aux formes très codées du haïku traditionnel. Il exprime l’événement comme il vient, tel qu'il
est, dans son incongruité : que ce soit un personnage, une couleur, une
odeur… comme celle de l'urine d'un chien qu'il croisa sur son chemin. Il dira
qu'il accueille ce qu'il n'attend pas, ce qui l'émerveille, qu'il se laisse
surprendre.,,
Qu'est-ce qui arrête, voire fige
l'être, le faisant poète le temps d'un haïku ? Pourquoi tous les
événements ne deviennent pas des haïkus ? Ce n’est pas l'individu qui
choisit de faire d'un événement un haïku,
c'est un instant particulier, une rencontre unique qui fait que le haïku
jaillit naturellement, symbiose, où l’événement et le poète ne font qu’un, un
instant magique de plénitude.
Pierre Turlur souligne qu'il ne
cherche pas à ‘posséder’ un instant X par le
haïku, et qu'on ne possède jamais complètement qu'en renonçant. Renoncer au
temps à venir, profiter du temps qui est là avant qu'il ne s'évanouisse, savoir
s'arrêter, s'oublier. Il dit qu'il s'absorbe dans le moment, sans vouloir le
saisir… simple état de réceptivité à la
portée de chacun, surtout pour des pratiquants du zen . Il nous incite donc
tous à la créativité spontanée et nous dit que la volonté de donner un sens au
haïku perd le haïku. Le sens est toujours pluriel, ouvert, nous échappe
souvent, une sorte de koan. C’est le propre des kan-ji des haïkus japonais.
Mais nous pouvons faire de même en français !
Cette ‘conférence’ fut un moment
d’échange authentique que Pierre Turlur a animée tel un haïku vivant, avec
simplicité. Il nous laisse l'idée que le haïku est léger et fragile comme un
flocon de neige. Le haïku, image d'un
instant éphémère, où l'éternité lumineuse vient à notre perception.
Bref, ce fut un
bel enseignement issu de la pratique du zen .
Un Haiku retenu à l’issue de
cette conférence pour présenter les vœux du Dojo :
mon mantra , la respiration
ma déité, l’ordinaire
ma pratique, l’émerveillement
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