Glossaire zen


Amida Bouddha (skrt. Amitabha). Littér. « Bouddha de la lumière infinie ». Bouddha mythique mahayaniste, incarnation de la sagesse et de la miséricorde. Vénéré par l’école de la Terre Pure du bouddhisme chinois et japonais, selon laquelle invoquer son nom permet de renaître au paradis. Voir nembutsu.

Asura. Voir samsara.

Atman. Terme désignant, selon l’hindouisme, le Soi immortel de l’homme appelé en Occident l’« âme ». Le bouddhisme nie l’existence de l’atman. Au contraire, il enseigne que tous les phénomènes sont vides. Voir skandha.

Avatamsaka sutra. « Sutra de la Guirlande de Bouddha. » Sutra mahayaniste qui prit beaucoup d’importance en Chine, tant dans les diverses écoles chan que dans l’école Hua-yen (jap. Kegon). Il enseigne que l’esprit humain est le cosmos lui-même, et que Bouddha, l’esprit et tous les êtres ne sont qu’un. Ce sutra n’existe que dans ses traductions tibétaines et chinoises. Les plus anciennes traductions chinoises datent du vie siècle.

Baso Doitsu (ch. Ma-tsu Tao-i, 709-788). Disciple de Nangaku et maître de Hyakujo, Nansen, Daibai Hojo et du laïc P’ang. Patriarche du zen rinzai connu pour ses méthodes intensives incluant cris, gestes et coups de bâtons, destinés à sortir ses disciples de leurs pensées habituelles et leur permettre d’atteindre le satori. Voir Sekito Kisen.

Blyth, R. H. (1898-1964). De nationalité anglaise, spécialiste de la littérature japonaise. Emprisonné en Angleterre comme objecteur de conscience pendant la première guerre mondiale et au Japon comme « étranger ennemi » pendant la seconde. Il commença à étudier le zen en 1926, d’abord en Corée puis au Japon, où il finit sa vie. Traducteur du Shinjinmei.

Bodaishin. « Esprit d’éveil. » L’esprit qui aspire à la Voie, à la plus haute dimension. L’esprit qui observe mujo, l’impermanence.

Bodhi (arbre de la). Figuier (ficus religiosa) sous lequel le Bouddha fit l’expérience de l’éveil, à l’issue de quarante-neuf jours de zazen.

Bodhidharma (jap. Bodaidaruma ou Daruma, 470-543 ?). Disciple du maître indien Prajnadhara (jap. Hannyatara) et maître d’Eka. Premier patriarche zen chinois et vingt-huitième de la lignée indienne à partir du Bouddha. Fils d’un roi brahmane, il passa la dernière décennie de sa vie en Chine où il occupa une grotte sur le lieu du monastère Shorinji (ch. Shaolin), sur le mont Suzan (ch. Sung-shan). Il y resta assis face à la paroi pendant neuf ans.

Bodhisattva. Être humain ou céleste incarnant l’idéal du mahayana. Contrairement à l’arhat du bouddhisme hinayana, qui se consacre exclusivement à son salut personnel, le bodhisattva a fait vœu de sauver tous les êtres avant d’atteindre lui-même à la libération. Voir Shiguseiganmon.

Bonno. Les illusions, attachements, toutes les productions de notre conscience personnelle. Le vœu de trancher les bonno fait partie des quatre grands vœux du bodhisattva. Voir Shiguseiganmon.

Bovay, Missen Michel (1944-2009). Maître zen, proche disciple de Maître Taisen Deshimaru. Ancien président de l’Association zen internationale et responsable du Dojo zen de Zürich en Suisse, il reçut la transmission du Dharma par Okamoto Roshi en 1998.

Budo. « La voie du guerrier. » Terme désignant par extension les arts martiaux traditionnels japonais.

Bussho Kapila. Début du sutra des repas (Gyohatsunenju), qui veut dire « le Bouddha est né à Kapila ». Chanté dans les temples avant la genmai et le déjeuner, mais pas au dîner, pour la raison que le Bouddha ne mangeait pas après le milieu du jour.

Chikuso. Voir samsara.

Clarke, Richard B. Traducteur réputé du Shinjinmei (New York, White Pine Press, 1984).

Daibai Hojo (ch. Ta-mei Fa-ch’ang, 752-839). Disciple de Baso et maître de Koshu Tenryu. Après trente années d’études livresques sur le bouddhisme, il rencontra Baso, devint son disciple et reçut sa transmission. Puis il partit pratiquer zazen seul dans la montagne pendant trente ans avant d’accepter d’avoir à son tour des disciples.

Daichi Sokei (1290-1366). Maître zen japonais célèbre pour sa poésie. Il reçut l’ordination de moine de Kangan Gin (1217-1300), un disciple de Dogen, et plus tard pratiqua avec Keizan pendant sept ans. À l’âge de 25 ans, il partit en Chine et y resta onze ans. De retour au Japon, il reçut la transmission de Meiho Sotetsu (1277-1350), un proche disciple de Keizan.

Daikaku (nom posthume de Rankei Doryuch, ch. Lan-ch’i Tao-lung, 1213-1278). Maître chinois et calligraphe de l’école rinzai. Il étudia auprès de plusieurs maîtres chinois, plus particulièrement avec Wu-chun Shih-fan (jap. Bushun Shiban). Il voyagea au Japon en 1246 et y fonda le monastère Kenchoji à Kamakura en 1253.

Danken. Nihilisme. Théorie qui prône l’inexistence de toute autre dimension que le monde phénoménal. Croyance selon laquelle l’existence se termine avec la mort. Voir joken.

Deshimaru, Taisen (1914-1982). Disciple de Kodo Sawaki. Maître japonais du zen soto qui passa les quinze dernières années de sa vie à enseigner en Europe. Il reçut l’ordination de moine ainsi que la robe, le bol et la transmission spirituelle de son maître en 1965. Maître Taisen Deshimaru fonda plus de cent dojos en Europe, Afrique du Nord et au Canada, ainsi que le temple de La Gendronnière dans le Val de Loire. D’après les registres du temple, il a donné l’ordination à plus de cinq cents moines et nonnes, et plus de vingt mille personnes ont un jour ou l’autre pratiqué à ses côtés.

Deva. Divinités ; elles appartiennent à une sphère supérieure à l’homme mais n’en sont pas moins mortelles. Voir samsara.

Dharma. (1) La vérité universelle annoncée par le Bouddha Shakyamuni, son enseignement, la doctrine bouddhique. (2) La vérité, la réalité ultime, l’ordre universel. (3) Écrit avec une minuscule, dharma désigne les phénomènes, les manifestations de la réalité.

Diamant, Sutra du (skrt. Vajrachedika-prajnaparamita-sutra). Partie autonome du Prajnaparamita-sutra qui prit une importance considérable principalement dans les pays d’Asie du Sud-Est. Ce sutra enseigne que les manifestations phénoménales ne sont pas la réalité mais seulement des illusions, des projections de notre propre esprit.

Do (ch. tao). La Voie. Le Dharma du Bouddha.

Dogen Zenji (1200-1253). Disciple du maître chinois Nyojo et maître d'Ejo. Il introduisit le zen soto au Japon et fonda le temple d’Eihei-ji situé dans les montagnes au nord du pays. Issu d’une famille de la haute noblesse, il étudia, pendant des années, le zen rinzai et la méthode des koan auprès des maîtres Eisai et Myozen. Puis il traversa la mer pour se rendre en Chine où il rencontra le maître soto Nyojo. Il pratiqua auprès de lui sur le mont Tendo pendant trois ans avant de retourner au Japon en tant qu’héritier du zen de Nyojo. Dogen est l’auteur d’un ouvrage magistral, le Shobogenzo, dans lequel figurent la plupart de ses enseignements. Ses poèmes sont regroupés dans le Sanshodoei, à l’exception des poèmes de l’Eiheikoroku, longtemps gardés secrets et réservés à l’enseignement de ses plus proches disciples.

Dojo. Le lieu de la Voie. L’endroit de la pratique, dans le zen comme dans les arts martiaux.

Doshin (ch. Tao-hsin, 580-651). Quatrième patriarche zen, disciple de Sosan et maître de Konin. Il créa une communauté de cinq cents disciples sur le mont Shuang-feng, où il mourut en zazen.

Doshu. Manière dont chacun exprime la Voie. Expression de la Voie par le corps, la parole, la conscience, le comportement. Expression de soi-même, de son éveil et de sa compréhension du Dharma.

Eiheikoroku. Recueil de dictons et de poèmes de Maître Dogen en dix volumes. Recueilli par des disciples directs, l’Eiheikoroku regroupe tout l’enseignement de Dogen depuis son installation à Koshoji jusqu’à sa mort.

Eisai Zenji (ou Myoan Eisai ou Senko Kokushi, 1141-1215). Maître zen japonais de la lignée rinzai, disciple de Kian Esho (ch. Hsu-an Huai-ch'ang) et maître de Dogen avant Nyojo. Il fonda le monastère Shofukuji, le premier dans lequel le zen rinzai fut pratiqué.

Eka (ch. Hui-k’o, 487-593). Deuxième patriarche zen, disciple de Bodhidharma et maître de Sosan. On raconte qu’il se coupa le bras gauche pour démontrer à son maître son intense souhait d’étudier le Dharma. Il resta auprès de Bodhidharma pendant neuf ans, pratiquant seulement shikantaza. Après avoir reçu la transmission, Eka alla vivre en ville comme simple travailleur et répandit à son tour le Dharma.

Engaku. Celui qui pratique afin d’être en bonne santé et devenir un saint.  

Engo Kokugon (ch. Yuan-wu K'o-ch'in, 1063-1135). Maître rinzai chinois, disciple de Goso Hoen et maître de Gokoku Keigen, Kukyu Joryu et Daie Soko. Il publia le Pi-yen-lu, l’un des plus célèbres recueils de koan.

Eno (ch. Hui-neng, 638-713). Disciple de Konin et maître de Seigen Gyoshi et Nangaku Ejo. Il arriva au temple de Konin, sur le mont Obai, à l’âge de vingt-quatre ans et le quitta au bout de seulement six mois. Il vécut ensuite auprès de pêcheurs et chasseurs pendant quinze ans. Après quoi il entreprit d’enseigner le Dharma sur le mont Sokei durant trente-six ans, jusqu’à sa mort. Il est l’auteur du Sutra de l’Estrade.

Fukanzazengi. « Présentation générale des principes de zazen. » Écrit par Maître Dogen en 1227 peu après son retour de Chine. Ce texte où le Shinjinmei est cité, insiste sur le fait que zazen, loin de constituer un « moyen de parvenir à l’illumination », est la pratique fondamentale de tous les bouddhas.

Fuke (ch. P'u-hua, mort en 860). Maître zen chinois, disciple de Banzan Hoshaku. Connu pour l’excentricité de son comportement. Excellent ami de Rinzai et de ses disciples, auprès desquels il jouait le rôle du « saint fou ».

Funi. « Non-deux. » Le caractère non dualiste de la réalité.

Fuyodokai (ch. Fu-jung Tao-kai, 1043-1118). Maître zen de la lignée soto et maître de Tanka Shijun. Fuyodokai est très respecté dans le zen pour avoir restauré la pureté originelle de la pratique tout en évitant les deux principaux écueils qui le menaçaient à l’époque : l’intellectualisme des go i (« Cinq degrés de l’illumination ») de l’école soto et le style théâtral des koan de l’école rinzai.

Gaitan. Couloir à l’entrée du dojo, réservé notamment aux gens qui travaillent à la cuisine et qui doivent quitter le dojo pendant zazen. S’y assoient aussi ceux qui sont malades, ont tendance à bouger ou perturbent de toute autre manière l’atmosphère du dojo.

Gaki. Fantômes ou esprits affamés. Voir samsara.

Gassho. Geste consistant à joindre les deux mains à la hauteur du nez, avant-bras horizontaux, et à incliner le buste. Geste ancien et universel, exprimant la vénération, l’humilité, le respect, mais aussi l’unité du corps et de l’esprit, funi, la non-dualité.

Gendronnière (la). Temple zen situé dans la vallée de la Loire, fondé par Maître Deshimaru en 1979. Temple principal de la sangha des disciples de Maître Deshimaru, reconnu par les autorités japonaises du zen soto. Niwa Zenji y vint en 1984 pour conférer la transmission à trois disciples de Maître Deshimaru. Outre le traditionnel camp d’été de deux mois, s’y déroulent stages, symposiums, conférences et autres activités liées au bouddhisme zen. Mais la Gendronnière est avant tout un lieu de pratique dédié aux sesshin, au zazen quotidien et au samu.

Genjokoan. Littér. « Le koan réalisé » ou « La Loi réalisée ». Chapitre du Shobogenzo placé par Dogen en tête de l’édition en soixante quinze volumes. Malgré sa difficulté et sa densité, il s’agit sans doute du chapitre le plus souvent traduit, cité et commenté. Il traite essentiellement de la relation entre la pratique et l’illumination. S’y trouvent des paraboles aussi connues que celles de la lune et son reflet, du bois et de la cendre, de l’oiseau et du poisson, ainsi que la fameuse maxime « étudier la Voie c’est s’étudier soi-même… »

Genmai. Soupe de riz complet consommée après le zazen du matin et le chant du Gyohatsunenju (sutra des repas).

Genpo Merzel (né en 1944). Maître zen américain contemporain, disciple de Taizan Maezumi Roshi dont il reçut la transmission du Dharma en 1980. Adepte de l’école Sanbo Kyodan, une forme mixte de zen rinzai et soto développée par Haku'un Yasutani et Daiun Sogaku Harada.

Gensha (ch. Hsuan-sha, 835-908). Disciple de Seppo et maître de Rakan. Pêcheur analphabète, il rencontra Seppo à l’âge de trente ans et devint son disciple. Plus tard, il fonda l’école Hogen du zen.

Gozu (ch. Niu-t'ou, aussi appelé Hoyu, ch. Fa-jung, 594-657). Disciple de Doshin et condisciple de Konin. Il créa sa propre branche du zen, qui se répandit pendant un siècle après sa mort, puis s’éteignit. Gozu a composé Le chant de l’esprit, un long poème qui rappelle le Shinjinmei.

Gutei (ch. Chu-chih, ixe  siècle). Disciple de Koshu Tenryu dont il hérita le « zen du pouce levé »  qu’il enseigna toute sa vie.

Gyoji. Littér. Gyo, « pratique, action, comportement » ; ji, « maintenir, garder ». Pratique continue, éternelle, sans début ni fin. Enchaînement ininterrompu de la méditation et de l’activité. Gyoji est le titre d’un chapitre du Shobogenzo où Dogen se sert de l’histoire des patriarches pour enseigner le comportement juste.

Hakuin Ekaku (1689-1769). L’un des plus importants maîtres de l’école rinzai, peintre et calligraphe accompli. Il réaffirma l’importance de zazen, que cette école avait fini par négliger au profit de l’étude intellectuelle des textes. Très versé dans le système des koan, Hakuin en créa une nouvelle présentation, encore utilisée de nos jours par l’école rinzai.

Hannya shingyo. Abréviation de Maka hannya haramita shingyo, ou Sutra du Cœur, chanté tous les matins après zazen dans tous les temples. Ce très bref sutra formule le « cœur » ou l’essence de l’enseignement mahayana sur ku (la vacuité).

Hannyatara (skrt. Prajnadhara). Vingt-septième patriarche de la lignée indienne du chan et maître de Bodhidharma.

Hara (ou kikai tanden). Centre de l’énergie vitale, situé juste sous le nombril, par lequel l’homme est relié au cosmos tout entier. Dans le zen comme dans les arts martiaux, l’énergie libérée des tensions et de la volonté personnelle s’exprime à travers le hara.

Hekiganroku (ch. Pi-yen-lu). « Recueil de la falaise verte ». Le plus ancien recueil de koan, écrit au xiie siècle par le maître chan Yuan-wu K'o-ch'in (jap. Engo Kokugon). Outre qu’il occupe une place très importante pour les enseignements et les anecdotes qu’il contient, ce texte est également considéré comme un chef d’œuvre de la poésie classique chinoise.

Hinayana. Ou Theravada, « le petit véhicule » par opposition au mahayana ou « grand véhicule ». Bouddhisme ancien qui se développa après la mort du Bouddha, le hinayana est avant tout une doctrine du salut, la quête du nirvana par le retrait du monde et le respect des règles monastiques. Implanté principalement en Asie du Sud (Ceylan, Thaïlande, Birmanie, Cambodge et Laos).

Hishiryo. Hi, « au-delà » ; shiryo, « penser ». Penser du tréfonds de la non-pensée, au-delà de la conscience personnelle. Ce terme, qui contient l’essence secrète et indicible du zen, apparaît pour la première fois dans le Shinjinmei. On le retrouve également dans un mondo célèbre entre Maître Yakusan et un moine (« Comment pense-t-on sans penser » demande le moine ? « Hishiryo », répond Yakusan.), ainsi que dans l’enseignement de Maître Dogen. Avec shikantaza et mushotoku, hishiryo constitue l’un des trois piliers de l’enseignement de Kodo Sawaki et Taisen Deshimaru.

Hokyo zanmai (ch. San-mei-k'o). « Le samadhi du miroir précieux. » Poème composé au ixe siècle par Tozan Ryokai, célébrant la nature véritable de toutes choses. Récité tous les jours dans les temples zen du Japon, l’Hokyo zanmai est considéré comme l’un des textes fondateurs du zen soto au même titre que le Shinjinmei, le Shodoka et le Sandokai.

Hotei (ch. Pu-tai, mort en 916). Moine chinois dont le nom signifie « sac de chanvre » car il en portait toujours un sur le dos. La légende dit qu’à sa mort sa véritable identité fut révélée : il était un avatar, une incarnation incognito de Maitreya, le Bouddha du futur. Son image a été conservée sous la forme du bouddha rieur dont on trouve aujourd’hui des statues dans de nombreux les monastères chinois.

Hotetsu (Mayoku) (ch. Ma-ku Pao-che, viiie-ixe siècle). Maître chan, disciple de Baso. Célèbre pour son mondo sur l’éventail.

Ikkyu Sojun (1394-1481). Maître rinzai, poète et calligraphe, connu pour son excentricité et son iconoclasme. « Nuage fou » ou « âne aveugle », comme il s’était lui-même baptisé, avouait préférer la fréquentation des tavernes et des maisons closes à celles des monastères. En 1474, il devint abbé de Daitokuji, le temple où il avait pratiqué dix années dans sa jeunesse avant d’opter pour une vie hors des monastères. Il prit bien garde de ne pas désigner de successeurs.

Inmo. « Ceci, cela, ainsi. » Dans le bouddhisme, la réalité telle qu’elle est, l’ainsité, le caractère évident et ineffable des choses. Dogen employa beaucoup ce terme et le donna pour titre à un chapitre de son Shobogenzo. Plus récemment, le professeur D.T. Suzuki le rendait par le mot anglais suchness. Maître Deshimaru ne disait pas suchness et presque jamais inmo. Il utilisait parfois le terme japonais nyo (« vraie liberté ») qu’il répétait souvent deux fois « nyo nyo » et qu’il traduisait alors par « infini » ou « éternel ». Mais la plupart du temps il se servait simplement du mot anglais free.

Ippen (1239-1289). Moine errant fondateur de l’école de la Terre pure. Pour Ippen, la foi était un acte de l’esprit et donc soumis à la corruption. Par conséquent, il enseignait l’abandon complet du soi, c’est-à-dire de toute attitude mentale, de tout effort de compréhension et finalement de toute réalisation religieuse : simplement rejeter tout et invoquer nembutsu.

Isan Reiyu (ch. Kuei-shan Ling-yu, 771-853). Disciple de Hyakujo et condisciple d’Obaku. Il rencontra son maître à l’âge de vingt deux ans, et servit comme tenzo dans son monastère pendant vingt ans avant de partir fonder un temple dans la montagne. Il construisit une hutte et passa sept ou huit années dans la solitude avant que les disciples, dont Kyogen et Kyosan, affluent en grand nombre autour de lui. Ce dernier fut, avec Isan, le fondateur de l’école Igyo du zen. Isan mourut en posture de zazen.

I shin den shin. « D’esprit à esprit. » Notion fondamentale du zen qui désigne la transmission au-delà des écritures et de la compréhension intellectuelle, la commune intuition entre le maître et le disciple, de la réalité telle qu’elle est.

Jayrata (jap. Shayata, ive siècle). Vingtième patriarche de la lignée zen indienne, disciple de Kumaralata et maître de Vasubandhu.

Jinshu (ch. Shen-hsiu, 605-706). Disciple de Konin et condisciple d’Eno. Fondateur de l’école chan du Nord qui proposait une approche graduelle de la pratique et qui, après sa mort, ne lui survécut guère que pendant quelques générations.

Jiun Sonja (1718-1804). Maître japonais de l’école Shingon, spécialiste du sanskrit et calligraphe célèbre. Un jour, sa mère lui demanda d’arrêter de faire des conférences, en lui reprochant de chercher à devenir un grand connaisseur du bouddhisme. Elle lui conseilla de s’installer dans un petit temple éloigné et de consacrer son temps à la méditation.

Joken. Théorie prônant la nature éternelle du monde et du soi. Voir danken.

Joshu Jushin (ch. Chao-chou Ts'ung-shen, 778-897). L’un des plus grands maîtres chan, disciple de Nansen qu’il suivit pendant plus de quarante ans. Après la mort de son maître, il partit approfondir son expérience du Dharma auprès d’autres maîtres du chan et finit par fonder un petit monastère. Il y devint maître à part entière à l’âge de quatre-vingts ans et eut treize successeurs dans le Dharma, bien que sa lignée s’éteignit quelques générations après sa mort.

Joza. Terme utilisé aux viie et viiie siècles pour parler d’un condisciple. Équivalent à « moine ».

Kai. Précepte. Dans le zen, les dix kai sont les règles de la morale naturelle que le disciple accepte de recevoir de la part du maître lors de l’ordination de moine ou de bodhisattva.

Kakunen musho. « Ciel infini, rien de sacré. » Lorsque Bodhidharma arriva en Chine, l’empereur lui demanda : « Qu’est ce que la vérité sacrée ? » « Kakunen musho » fut la réponse.

Kalpa. Cycle cosmique. Période d’une durée très longue et indéfinie.

Kan. Grand vœu que font tous les bouddhas et les bodhisattva. Aspiration profonde à la pratique de la Voie et au dépassement de soi.

Kanbun. Textes japonais anciens écrits dans le style chinois, par opposition au bungo, ou style japonais.

Kanji. Pictogrammes de l’alphabet japonais écrit représentant des mots ou des idées, par opposition au kana qui représente des syllabes.

Karma. Loi des causes et des effets. Séquence logique du comportement humain (pensées, mots, et actions) et de ses conséquences, bonnes ou mauvaises. Le karma incite à la justesse du comportement, fondée sur la conscience de chacun que le comportement agit sur le monde phénoménal, plutôt que sur l’observance de « commandements » ou l’attente d’une récompense, au paradis, ou d’un châtiment, en enfer. Il existe un karma individuel comme un karma collectif et tous deux transcendent la naissance et la mort. Par sa pratique de zazen, chacun influence le karma de l’humanité toute entière.

Kassan Zen'e (ch. Chia-shan Shank-hui 805-881). Disciple du passeur et maître Sensu Tokujo. Tenzo exemplaire sous la direction de différents maîtres. Il apparaît dans le Sutra des montagnes et des eaux et l’Eiheikoroku de Maître Dogen.

Katagiri, Dainin (1928-1990). Maître zen, étudiant auprès d’Eko Hashimoto au Japon et assistant de Shunryu Suzuki aux États-Unis. Fondateur du Centre Zen du Minnesota, aux États-Unis.

Keizan Jokin (1268-1325). Considéré comme le maître zen soto le plus important après Dogen. Il pratiqua sous la direction d’Ejo et Gikai (deux des plus proches disciples de Maître Dogen). Fondateur de Sojiji, l’un des deux principaux temples soto du Japon, avec Eiheiji. Auteur du Denko Roku, un recueil de récits sur la transmission depuis Bouddha jusqu’à Dogen.

Kendo. « La voie du sabre. » L’art du maniement de l’épée des samouraïs japonais.

Kennett, Jiyu (1924-1996). Maître zen soto d’origine anglaise. Elle étudia le bouddhisme theravada et rinzai avant de recevoir la transmission, en 1963, de Keido Chisan Koho à Daihonzan Sojiji. Fondatrice de Shasta Abbey aux États-Unis et de plusieurs autres temples et groupes de méditation en Amérique du Nord et en Europe. Également fondatrice du Order of Buddhist Contemplatives (« Bouddhistes Contemplatifs »).

Kesa. Grand vêtement fait de plusieurs morceaux de tissu soigneusement assemblés, que les moines et nonnes zen portent drapée autour des épaules, au-dessus du kolomo. Remis par le maître lors de l’ordination, le kesa est un objet de foi et de vénération. Il symbolise la transmission et l’appartenance à la lignée ininterrompue des disciples du Bouddha, l’existence dans une dimension qui transcende le petit ego.

Ketsumyaku. Certificat que le maître donne au disciple lors de l’ordination. Il représente la lignée des maîtres qui rattache le disciple au Bouddha Shakyamuni.

Ki (ch. chi). Énergie vitale ou activité de nature cosmique qui anime toute créature, et dont le foyer est le hara. Notion centrale du taoïsme et de la médecine chinoise.

Kinhin. Marche lente, rythmée sur la respiration, pratiquée pendant l’intervalle séparant les deux parties d’une séance de zazen.

Koan. À l’origine, en Chine, loi ou jugement émanant des pouvoirs publics. Dans le zen, vérité universelle exprimée par une phrase tirée d’un sutra ou une parole d’un maître. Paradoxe que seule l’intuition peut résoudre, et qui résiste irrémédiablement à l’analyse logique. Utilisé par le zen rinzai afin de pousser le disciple dans ses derniers retranchement et de le faire parvenir au satori. Le zen soto, qui n’attache pas de valeur aux états particuliers et identifie le satori à la condition normale, n’utilise pas les koan pour la formation des disciples. Il n’en reste pas moins que, pour le soto comme pour le rinzai, le koan représente l’aspect caché, insaisissable, de la réalité.

Kolomo. Robe noire à longues manches des moines et nonnes zen, portée au-dessus d’un kimono blanc ou gris.

Konin (ch. Hung-jen, 601-674). Disciple de Doshin et maître de Jinshu et d’Eno qui fondèrent respectivement l’école chan du Nord et l’école du Sud. Toutes les branches du zen sont issues de cette dernière. Konin rencontra son maître à l’âge de quatorze ans et l’impressionna immédiatement par sa profonde compréhension. Après la mort de Doshin, il fonda le monastère du mont Obai.

Koshoji. Monastère de Kyoto où Dogen résida durant dix ans avant de fonder Eiheiji. C’est là qu’il constitua sa première communauté de moines, conforme au modèle qu’il avait découvert, en Chine, chez Nyojo. C’est également dans ce monastère qu’il rédigea une grande partie du Shobogenzo et qu’il rencontra Ejo, qui deviendrait son successeur.

Ku (skrt. shunyata). Souvent traduit par « vide » ou « vacuité » par opposition à shiki, « les phénomènes ». Mais il ne faut surtout pas y voir l’expression d’une vision nihiliste du monde. Ku désigne l’infini, le non-né d’où procède et où revient tout ce qui est né et fini. C’est également l’origine, l’identité commune sans laquelle les différences (phénomènes) ne pourraient exister.

Kusen. Enseignement oral donné pendant zazen. Enseignement i shin den shin qui s’adresse directement à la conscience hishiryo des pratiquants, sans passer par l’intellect. Il semble que le kusen soit une spécificité de la lignée des maîtres Kodo Sawaki et Deshimaru. La plupart des autres lignées lui préfèrent les conférences (teisho).

Kyogen Chikan (ch. Hsiang-yen Chih-hsien, mort en 898). Disciple d’Isan Reiyu. Intellectuel et grand érudit qui étudia auprès de Hyakujo mais qui ne réussit pas à comprendre intimement l’essence du zen. À la mort de son maître il suivit son condisciple Isan.

Kyosaku. « Bâton d’éveil. » Utilisé pendant zazen pour frapper les pratiquants perturbés par la somnolence ou l’agitation mentale sur les muscles situés entre les épaules et la nuque. Le kyosaku n’est pas une punition mais un moyen d’aider les pratiquants retrouver la condition normale.

Maezumi, Hakuyu Taizan (1931-1995). Maître rinzai et soto certifié par Hakujun Kuroda, Koryu Osaka et Hakuun Yasutani, ce qui fit de lui le successeur de ces trois lignées. Fondateur du Centre Zen de Los Angeles, du White Plum Asanga et de plusieurs autres temples aux États-Unis et en Europe. Maître Maezumi a certifié douze disciples.

Mahakashyapa (vie siècle av. J.-C.). L’un des principaux disciples du Bouddha Shakyamuni, célèbre pour son autodiscipline et sa morale stricte. Il prit la tête de la sangha après la mort de Bouddha. Il est considéré comme le premier patriarche.

Mahayana. « Grand véhicule. » Branche du bouddhisme à laquelle appartient le zen. Implanté principalement au Tibet, en Chine, en Corée et au Japon. Son idéal – sauver tous les êtres plutôt que rechercher la délivrance individuelle est incarné par le bodhisattva.

Mantra. Dans l’hindouisme et le yoga, phrase sacrée que le gourou donne au disciple et qui renferme l’essence même de la divinité à laquelle le maître se consacre. Dans le bouddhisme, courte invocation, généralement tirée d’un sutra, dont le son, chargé d’énergie (ki), véhicule une vertu spirituelle ou un pouvoir de protection. Les mantras jouent un rôle particulièrement important dans l’amidisme (nembutsu) et le bouddhisme tibétain.

Marpa (1012-1097). Célèbre yogi du Tibet surnommé « le traducteur ». Disciple de Naropa et maître de Milarépa. Il étudia avec Naropa, en Inde, pendant seize ans avant de retourner à sa terre natale pour traduire les textes sacrés en tibétain.

Menzan Zuiho (1683-1769). Maître zen et célèbre érudit du soto. Auteur de plus de cinquante œuvres dont des biographies de Maître Dogen et des commentaires sur ses enseignements. Il chercha à faire revenir les temples de son époque aux formes les plus orthodoxes de Dogen, influence qui continue au Japon encore de nos jours.

Milarépa (1025-1135). Considéré comme le plus grand saint du Tibet. Disciple du yogi Marpa duquel il apprit le Mahamudra – être libre du vide et du samsara.

Mondo. « Question-réponse. » Toute forme d’échange en vue de la compréhension du Dharma. Les séances de questions-réponses dans le dojo offrent l’opportunité d'éclaircir des questions pertinentes ayant trait à la vie et la mort ainsi qu’à la pratique, non pas dans l’intimité d’une discussion privée entre maître et disciple (dokusan), mais au profit de l’ensemble de la sangha. De nombreux mondo sont restés dans l’histoire du zen pour l’édification des générations de pratiquants.

Morimoto, Kazuo. Disciple de Maître Deshimaru, ordonné moine par Roland Yuno Rech en 1985. Traducteur et professeur à l’Institut de la Culture Orientale de l’Université de Tokyo. Auteur de De Derrida à Dogen, la « déconstruction » et « L’annulation du corps et de l’esprit », Fukutake Books 1989 (en japonais).

Mu. Particule signifiant « rien », « néant », « pas de ». Plus qu’une négation, mu contient une connotation d’absence. On le retrouve dans nombre d’expressions japonaises telles que mushotoku (non-profit) mushin (non-esprit), muga (non-ego)… Constitue également le premier koan du Mumonkan (un moine demande à Joshu : « Le chien a-t-il la nature de bouddha ? » « Mu », répond Joshu.).

Mujo (skrt. anitya). Impermanence. L’une des trois caractéristiques de l’existence dont découlent les deux autres : la souffrance (duhkha) et l’impersonnalité (anatman). Condition fondamentale de toute existence. L’étude de mujo est un aspect essentiel de la pratique de la Voie. Maître Daichi écrivit : « Mujo ne cesse jamais de vous épier, ne serait-ce qu’un instant, et lorsqu’il frappe, c’est avec une vélocité et une brutalité telles que vous êtes foudroyés avant même de vous en rendre compte ».

Mumon Ekai (ch. Wu-men Hui-k'ai, 1183-1260). Maître rinzai, disciple de Gatsurin Shikan et maître de Shinchi Kakushin. Plus connu pour son recueil de koan, le Mumonkan.

Mumonkan (ch. Wu-men-kuan). « La porte sans porte ». Recueil de quarante-huit koan assemblés et commentés par Mumon Ekai en 1229.

Mushin. « Non-esprit. » État exempt de pensées dualistes.

Mushotoku. « Non-profit. » Pas de mérite. Rien à obtenir. Mushotoku fait référence à la pratique sans objet ou but. Le fait de donner gratuitement. Maître Deshimaru disait que c’était cet enseignement fondamental du zen qui l’avait amené à la pratique.

Nagarjuna (iie-iiie siècle). Philosophe bouddhiste indien, fondateur de l’école Madhyamika (ou de la « Voie du milieu ») et quatorzième patriarche à partir du Bouddha. Célèbre pour ses enseignements sur la doctrine de ku (skrt. sunyata, « vacuité »), qui lui valurent le nom de « père du Mahayana ». Le Madhyamaka-karika et le Mahaprajnaparamita-shastra sont ses œuvres majeures. Peu avant la fin de sa vie, Nagarjuna brûla tous ses livres et sutras pour se consacrer exclusivement à l’étude du kesa.

Nansen Fugan (ch. Nan-ch'uan P'u-yuan, 748-835). Disciple de Baso Doitsu et maître de Joshu Jushin entre autres. Sept ans après la mort de son maître, il s’isola sur le mont Nansen où il pratiqua zazen pendant trente ans. Puis il passa les dix dernières années de sa vie dans un monastère, entouré de plus de cent disciples.

Naraka. Voir samsara.

Nembutsu. Récitation du nom du Bouddha Amida. Dans l’amidisme, on pense que la récitation fervente de la formule Namu Amida Butsu (« loué soit le Bouddha Amida ») conduit à renaître au paradis de la Terre pure. Voir Shin (école).

Nirvana. Libération définitive du samsara (renaissance). Extinction de tous les désirs et attachements. Samadhi le plus profond dans lequel la conscience n’est plus sollicitée par les illusions. Dans le zen, le nirvana et le samsara sont identiques aux yeux de celui qui a pénétré la vraie nature des choses, qui est ku (la vacuité).

Nirvana (école du). Branche du bouddhisme chinois apparue au ve siècle. Se consacre au Mahaparinirvana-sutra qui soutient que tous les êtres possèdent la nature de bouddha et que tous peuvent accéder à la bouddhéité par une illumination soudaine.

Noumène (skrt. svabhava). « Nature propre ». Substance qui demeure. Existence indépendante.

Nyojo (Tendo) (ch. T'ien-t'ung Ju-ching, 1163-1228). Maître chan de l’école soto, disciple de Shingetsu Shoryo et maître de Dogen Zenji. Il voyagea de dojo en dojo et se trouva en contact avec tous les types de zen existant à l’époque : certains mêlaient zazen et taoïsme, confucianisme et récitation de nembutsu, d’autres avec l’étude des koan. Refusant cet état de fait, Nyojo s’installa comme abbé du monastère Tendo dans la Chine du Sud et y enseigna seulement zazen.

Nyorai (skrt. Tathagata). 1) Être parvenu à l’illumination suprême. 2) Principe cosmique, essence de l’univers, absolu.

Obaku Kiun (ch. Huang-po Hsi-yun, mort en 850). Maître chan, disciple de Hyakujo Ekai et maître de Rinzai Gigen et de douze autres disciples. Connu pour être un homme à la carrure imposante et au caractère simple et pur. Le premier ministre P’ei Hsiu devint son disciple et fit construire un monastère dans lequel Obaku accepta de s’installer.

Rakusu. Kesa de petite taille porté autour du cou et sur la poitrine, dans le dojo et dans la vie quotidienne. A l’opposé du kesa, le rakusu n’est pas réservé aux moines et nonnes ; les personnes ayant reçu l’ordination de bodhisattva peuvent également le revêtir.

Reikai Vendetti (?-2001). Moine zen, disciple de Maître Taisen Deshimaru. Responsable du Dojo de Toulouse (France), il dirigea aussi des sesshin en Corse et sur l’île de la réunion. Peintre accompli dont l’œuvre inclut les portraits de maîtres bouddhistes (Pèlerinage chez les maîtres éminents, Éditions Sully, 1999).

Reiun Shigon (ch. Ling-yun Chih-ch'in, ixe siècle). Disciple d’Isan Reiyu. Auteur du poème suivant qui décrit son satori :
« Pendant trente ans j’ai cherché un maître d’épée ;
Combien de fois les feuilles sont-elles tombées
Et les branches se sont-elles couvertes de bourgeons ?
Mais dès l’instant où je vis s’épanouir les pêchers en fleur,
À ce moment, je n’eus plus de doutes. »

Rensaku. Série de coups de kyosaku administrés par le maître ou un assistant sur les muscles situés entre l’épaule et la nuque. Utilisé pour éveiller l’esprit d’un disciple lorsqu’il commet une erreur, mais aussi pour raviver la concentration de toute la sangha.

Rinzai (école). Lignée fondée par Rinzai Gigen (mort en 866) dont les origines remontent à Nangaku Ejo, au viie siècle, un disciple d’Eno, tout comme Seigen Gyoshi qui fut à l’origine de la lignée soto. L’une des deux branches du zen, avec le soto, encore vivantes aujourd’hui. Insiste sur l’obtention du satori et l’utilisation des koan comme outil de méditation.

Ryutan (ou Ryotan) Soshin (ch. Lung-t'an Ch'ung-hsin, ixe siècle). Disciple de Tenno Dogo et maître de Tokusan Senkan. Il fit la connaissance de son maître pendant son enfance en lui portant régulièrement des gâteaux de riz.

Samadhi (jap. zanmai). État de méditation et de disponibilité de la conscience pendant zazen. Pure concentration inconsciente et sans objet. Maître Dogen dit : « Le samadhi des bouddhas et des patriarches est gel et grêle, vent et éclair.  »

Sanpai. Série de trois prosternations, le front touchant le sol et la paume des mains vers le haut pour accueillir les pieds de Bouddha.

Samsara. Cycle des existences (naissance, mort, renaissance) conditionné par l’attachement. L’opposé du nirvana. Composé des six modes d’existence possibles : shomon (humain), asura (guerrier), deva (dieu), chikuso (animal), gaki (esprit affamé), naraka (les enfers).

Samu. Activité des moines et pratiquants au bénéfice du temple ou de la sangha : jardinage, construction, ménage, édition des enseignements… Parfois appelé « la pratique par le travail », le samu diffère de ce dernier dans le sens où, plutôt que de viser à l’accomplissement d’une tâche, il est le complément de zazen. Continuité de l’immobilité et du silence intérieur dans l’activité.

Sandokai. « Fusion de la différence et de la similitude ». Poème rédigé par Sekito Kisen au viiie siècle. L’un des textes fondateurs du zen, récité quotidiennement dans les monastères soto du Japon. Cité et commenté par un grand nombre de maîtres. C’est parce que le multiple procède de l’un que les différences existent. Le Sandokai se termine par ce vers fameux : « Vous qui cherchez la Voie, je vous en prie ne perdez pas l’instant présent. »

Sangha. Assemblée des moines. Communauté des disciples. L’un des « trois trésors » du bouddhisme, à côté du Bouddha et du Dharma.

Sanshodoei. « Poème sur le chemin du mont Sancho. » Recueil de soixante-trois waka (poèmes de style japonais de cinq vers et trente et une syllabes : 5-7-5-7-7) composés par Maître Dogen et publié pour la première fois en 1472, soit plus de deux cent ans après sa mort. « Sancho » (littér. « Pin parasol ») est un autre nom pour Eiheiji, le grand temple de Dogen.

Satori. Illumination ou éveil, produit par le pouvoir cosmique fondamental plutôt que par l’ego. Actualisation de mushotoku. Non pas un état de conscience spécial mais le retour à la condition normale. Dans l’école rinzai, le satori est l’aboutissement d’une pratique fructueuse et fait l’objet d’une quête véhémente. Dans l’école soto, la pratique elle-même est satori, en d’autres mots, fusion avec l’ordre naturel des choses.

Sawaki, Kodo (1880-1965). Grand maître soto japonais du xxe siècle et maître de Taisen Deshimaru. Ordonné par Maître Koho Shonyu, dans le Kyushu, à l’âge de dix-huit ans. Il étudia auprès de Maître Shokoku Zenko. Il passa l’essentiel de sa vie à éviter la vie de temple et à sillonner le Japon en enseignant le zen, ce qui lui valut le surnom de « Kodo sans demeure ».

Sekito Kisen (ch. Shih-t'ou Hsi-ch'ien, 700-790). Littér. « Tête de pierre ». Disciple de Seigen Gyoshi et maître de Yakusan Igen. Considéré comme le premier maillon de la lignée zen soto. Auteur du Sandokai, l’un des textes fondateurs du zen soto. Lorsqu’il mourut en zazen, à l’âge de quatre vingt dix ans, son corps se momifia. On peut encore voir sa momie au temple de Sojiji au Japon. Un poème dit : « À l’ouest du fleuve vivait Baso / Au sud du lac, Sekito. Les hommes allaient de l’un à l’autre / Qui ne les avait rencontrés vivait dans l’ignorance. »

Sensei. Terme japonais de la langue ordinaire utilisé par les étudiants pour s’adresser à leurs enseignants. Dans le zen et les arts martiaux, ce terme s’est chargé de la connotation de respect et d’amour qui caractérise la relation du disciple avec le maître.

Seppo Gison (ch. Hsueh-feng I-ts'un, 822-908). Maître chan, disciple de Tokusan Senkan et maître de Gensha Shibi et Unmon Bunen. À l’âge de douze ans, il entra dans son premier monastère, et y vécu de nombreuses années en assumant souvent la fonction de tenzo. À cinquante ans il fonda son propre monastère sur le mont Seppo, qui rassembla plus de mille cinq cent moines.

Sesshin. « Toucher l’esprit. » Période (de deux à dix jours en général) pendant laquelle la sangha se regroupe pour une pratique plus intense axée sur zazen et samu.

Shankara (ou Shankaracharya, 788-820). Saint, poète et philosophe indien. Hindouiste réformateur, célèbre pour son savoir et sa sagesse. Il fonda de nombreux monastères au cours d’une vie pourtant brève

Sheng-Yen (né en 1931). Maître zen contemporain qui reçut la transmission de ses maîtres Dong Chu et Ling Yuan qui appartiennent respectivement aux lignées soto et rinzai. Il enseigne à Taiwan et à New York, où il est l’abbé du Dharma Drum Mountain Monastery (« Monastère de la Montagne du Tambour du Dharma ») et fondateur du Centre de Méditation Chan.

Shiguseiganmon. Les quatre vœux du bodhisattva :
« Si nombreux que soient les êtres, je fais vœux de les sauver tous.
Si nombreuses que soient les passions, je fais vœu de les vaincre toutes.
Si nombreux que soient les dharmas, je fais vœu de les acquérir tous.
Si parfaite que soit la Voie du Bouddha, je fais vœu de la réaliser. »

Shiho. Transmission conférée par le maître au disciple qui est ainsi authentifié comme l’un des successeurs du Bouddha dans la lignée concernée.

Shikantaza. « Simplement s’asseoir. » La posture assise qui englobe l’univers entier, sans l’utilisation de techniques telles que conter la respiration ou les koan.

Shiki. Phénomènes. Forme. Par opposition à ku (vacuité), la source de shiki.

Shin (École) ou Jodo-shin-shu, « École authentique de la Terre pure ». Fondée par Shinran (1173-1262) pour qui le salut venait non pas de l’effort personnel (jiriki) mais de la « force de l’autre » (tariki). Shinran, lui-même marié, était opposé à toute forme de vie monacale. La secte shin, qui connu une période de grande expansion aux xiie siècle, est encore très populaire au Japon. Taisen Deshimaru et Kodo Sawaki appréciaient la douceur et la ferveur qui la caractérisent.

Shin jin datsu raku. « Rejeter le corps et l’esprit. » Phrase prononcée par Maître Nyojo pendant zazen. Elle saisit parfaitement ce qu’est la pratique de zazen.

Shobogenzo. « Le trésor de l’œil de la vraie Loi. » Pièce maîtresse de l’œuvre de Dogen, en partie compilée par son disciple Ejo. Premier grand écrit bouddhique en japonais. Texte dense, d’une richesse inépuisable, qui récapitule et développe tous les enseignements reçus en Chine par le fondateur du zen soto au Japon. Non content de « suivre les traces des maîtres anciens », Dogen y improvise aussi sur les thèmes traditionnels avec une grande liberté et une impressionnante virtuosité.

Shodoka (ch. Cheng-tao-ko). « Chant de l’éveil. » Deuxième poème le plus important du chan après le Shinjinmei. Recueil de soixante huit strophes écrit par Maître Yoka Daishi, qui contient les principes de base du chan.

Shomon. Voir samsara.

Shukke. « Celui qui a quitté sa demeure. » Moine ou nonne zen qui n’est plus prisonnier de la dualité et qui laisse derrière lui ou elle l’attachement à sa famille, ses possessions et sa position sociale.

Shusso. Assistant du maître pendant zazen ou lors d’une sesshin. Il est chargé de veiller à l’atmosphère et la bonne marche du dojo

Skandha. Les cinq agrégats qui forment la personnalité : corporéité, perception, conscience, concept (ou action) et connaissance. Voués à l’impermanence, à la décrépitude et à la mort, les skandha sont cause de souffrance tant qu’on ne réalise pas leur vacuité (ku).

Sosan (ch. Seng-Ts'an, mort en 606). Disciple d'Eka et maître de Doshin. Troisième patriarche zen. Auteur du Shinjinmei, le premier texte zen.

Sotoba (ch. Su Tung-p'o, 1036-1101). Poète et essayiste chinois.

Soto (École). École zen fondée en Chine, au ixe siècle par MaîtreTozan Ryokai (ch., Tung-shan Liang-chieh) et son disciple Sozan Honjaku (ch. Ts'ao-shan Pen-chi). Également appelée « zen de l’illumination silencieuse », par opposition au « zen de la contemplation des mots » (rinzai). Le soto a été introduit au Japon par Dogen, en 1227, à son retour de Chine. Trois générations après lui, l’école s’est développée en deux branches domiciliées à Eiheiji et Sojiji. Aujourd’hui encore les supérieurs de ces deux temples alternent à la direction du soto. C’est à la lignée soto que se rattachent Maître Deshimaru et ses successeurs.

Sutra. Sermons donnés par Bouddha. Selon la tradition, ils furent  restitués de mémoire par son disciple Ananda lors du premier concile bouddhique réuni en 480 av. J.-C., juste après la mort de Shakyamuni. Ils commencent en général par les mots « ainsi ai-je entendu ». Alors que les sutras hinayanistes (tripitaka) nous sont parvenus dans leur version palie ou sanskrite, les sutras mahayanistes nous sont pour la plupart connus dans leur traduction tibétaine ou chinoise.

Suzuki, D.T. (1870-1966). Érudit bouddhiste, traducteur et propagateur du zen en Occident. Adepte de la méthode des koan. Il étudia le zen auprès de Shaku Soen et de son descendant, Sokatsu Shaku, qui le chargea de traduire les textes zen en anglais pour le public érudit.

Swami Prabhavanda (1893-1976). Moine hindou contemporain. Membre de l’Ordre Ramakrishna d’Inde. Auteur de nombreux ouvrages sur les traditions spirituelles de l’Inde. Fondateur de la Vedanta Society de Californie du Sud aux États-Unis.

Tanden. Voir hara.

Tanka Tennen (ch. Tan-hsia T'ien-jan, 739-824). Disciple de Sekito Kisen puis de Baso. Ami du laïc P’ang. À l’âge de quatre vingt ans, et après une vie marquée par des comportements anticonformistes, il fonda un monastère sur le mont Tanka, où se rassemblèrent trois cents moines.

Tenno Dogo (ch. T'ien-huang Tao-wu, 738-807). Maître chan, disciple de Sekito Kisen et maître de Ryutan Soshin

Tenzo. « Maître des cuisines. » Cuisinier du temple ou du monastère. Personnage très important dans le zen. Héros de nombreuses histoires et anecdotes. De grands maîtres comme Isan, Tozan ou Seppo ont jadis servi comme tenzo. La mission du tenzo fit l’objet d’un texte de Maître Dogen intitulé Tenzo Kyokun (« Conseils au tenzo »)

Tokujo (Sensu) (viiie-ixe siècle). Disciple de Yakusan Igen et maître de Kassan Zen'e.

Tokusan Senkan (ch. Te-shan Hsuan-chien, 781-867). Disciple de Ryutan Soshin et maître de Seppo Gison. Érudit fameux pour sa connaissance du Sutra du diamant, qui brûla tous ses livres pour suivre la Voie et se consacrer à la pratique de zazen. Célèbre pour sa méthode d’éducation baptisée bokatsu (de bo, « bâton » et katsu, « cri »).

Tozan Ryokai (ch. Tung-shan Liang-chieh, 807-869). Disciple d’Ungan Donjo et maître d'Ungo Doyo entre autres. Fondateur, avec Sozan Honjaku, de l’école soto. Auteur de l’Hokyo zanmai, l’un des textes fondamentaux du zen, toujours récité dans les monastères du Japon.

Ungan Donjo (ch. Yun-yen T'an-sheng, 781-841). Disciple de Yakusan Igen et maître de Tozan Ryokai. A la mort de son premier maître, Hyakujo Ekai, Ungan étudia auprès de Yakusan qui en fit son successeur. Il s’établit ensuite sur le mont Ungan (« falaise des nuages »).

Ungo Doyo (ch. Yun-chu Tao-ying, mort en 902). Disciple de Tozan Ryokai, il perpétua la lignée soto fondée par son maître.

Vasubandhu (ive-ve siècle). Vingt et unième patriarche de la lignée zen indienne. érudit et auteur de commentaires sur les textes mahayana tels que les sutras du Diamant et du Lotus.

Wanshi Shogaku (ch. Hung-chih Cheng-chueh, 1091-1157). Disciple de Tanka Shijun. Maître soto chinois de grande réputation, très admiré de Dogen. Auteur du premier Zazenshin que Dogen allait plus tard adapter.

Yoka Daishi (ou Genkaku, ch. Yung-chia Hsuan-chueh, 665-713). Disciple d’Eno, le sixième patriarche. Surnommé « satori d’une nuit », en référence à la brève rencontre qu’il eut avec Eno, au bout de laquelle celui-ci confirma son éveil. Auteur du Shodoka, l’un des quatre plus anciens textes du zen.

Zafu. Coussin rond rempli de kapok sur lequel on s’assoit pour pratiquer zazen. Réplique du coussin d’herbe sur lequel Shakyamuni connut le satori.

Zazen. Méditation zen assise, jambes croisées et dos droit sur un zafu. Face au mur dans la tradition soto et face au dojo dans la tradition rinzai. La respiration est lente et profonde, l’esprit observe les pensées sans les suivre ni les entretenir. Voir hishiryo, mushotoku, shikantaza et shin jin datsu raku.

Zazenshin. « L’aiguille de zazen. » Poème sur la signification de zazen, l’essence du Dharma, écrit par Wanshi Shogaku au xiie siècle, ensuite commenté et retravaillé par Maître Dogen dans le Shobogenzo.